Aller sur le site du Diocèse de Bordeaux >

À venir

Fermer la recherche
Nos églises

Eglise St Saturnin de Moulis

L’église saint Saturnin de Moulis, un joyaux offert et transmis par nos aïeux depuis le XIIème siècle.

Un peu d'histoire

Déjà, il y a 8 à 10000 ans, des hommes du Mésolithique établirent un campement et séjournèrent à Moulis. Il faut cependant attendre l’arrivée des Celtes pour trouver des éléments qui nous soient parvenus et qui permettent de supposer que Moulis a pu constituer un « conciliabulum », lieu ou l’on discute, mais aussi, zone neutre entre deux peuples – en l’occurrence entre les Méduliens et les Biturges Vivisques  qui fondèrent Burdigala.

L’archéologie a révélé l’existence de deux établissements Gallo-Romains, dont l’origine remonte au tout début du 1er siècle.  Ils pourraient avoir eu une vocation agricole ou péagère, car Moulis était située au  carrefour des deux voies antiques : la Levade, l’axe » Médocain, et la Caussade qui reliait la « rivière » au bassin d’Arcachon. Le nom de Moulis pourrait dater de cette époque et venir du latin MOLES/MOLIS qui signifie entre autres : ouvrage de terrassement ou de maçonnerie, levée, bâtiment, édifice … et non de MOLINIS, moulins, comme il est communément admis aujourd’hui.

Dès le Vème siècle, durant la présence Wisigothe en Aquitaine, une petite église de plan basilical est construite. Elle était située au Sud et contre le chevet de l’église actuelle. Au cours du Haut Moyen Age, le centre de notre village était occupé par une vaste nécropole, où l’on venait enterrer les morts de très loin, rapporte la mémoire populaire. Les sarcophages dits « Mérovingiens » qui reposent encore dans le sous-sol en sont le témoignage.

Au X ou XIème siècle, une nouvelle église très petite, est construite. Ses fondations reposent sur un niveau du Ier siècle de notre ère. Elle existe encore en partie et constitue l’absidiole Nord du monument actuel. Ce dernier semble avoir été édifié dans le courant du XIIème siècle, suivant un plan en croix latine.

C’est à cette époque qu’est construite, sur le territoire de la paroisse de Moulis, une imposante forteresse : Castelnau. D’abord annexe de Moulis, la paroisse de Castelnau deviendra plus tard autonome. C’est aussi à cette époque que sont créés les archidiaconés et les archiprêtrés. L’archiprêtré de Moulis était qualifié de second du diocèse. Moulis en restera le siège jusqu’à la révolution. Durant le Moyen Age, l’augmentation de la population nécessitera l’adjonction de deux bas cotés à l’église. La période d’insécurité provoquée par le conflit franco/anglo/gascon durant la guerre de Cent Ans sera la cause du remplacement du clocher ancien, situé sur la croisée du transept, par le clocher-donjon que l’on voit aujourd’hui.

La fin de la guerre de Cent Ans amène le passage de bandes de routiers au service du roi de France, telles celles de l’Espagnol Rodrigue de Villandrando, ou de l’Ecossais Robin Petit Loup, qui apportent la désolation et la mort, dans un région qui venait de subir les terribles effets de l’épidémie de peste noire.

Sans doute pendant les guerres de religions, un incendie ravage l’abside et l’absidiole sud. Cette dernière effondrée, ne sera jamais reconstruite.

Le dernier épisode tragique que connaît Moulis se situe en 1653, pendant la fronde, lorsque « 4 à 500 paysans de Moulix et des paroisses environnantes se sont soulevés contre les fantassins et cavaliers irlandois du régiment de Marche ». le combat eut lieu à Salaunes. Les corps d’une quinzaine de Moulissois furent ramenés et ensevelis ensemble dans une fosse, dont l’emplacement est situé sous le Monument aux Morts. Enfin, il faut signaler que Moulis, étant situé au carrefour de deux chemins de saint Jacques de Compostelle, voyait passer les pèlerins britanniques, normands et bretons débarqués dans le Nord Médoc, qui rejoignaient Bordeaux, et ceux de la voie de Tours et de Paris qui, après avoir traversé la Gironde, gagnaient la voie littorale ou se dirigeaient vers Bordeaux. De nouvelles découvertes archéologiques permettront sans doute de préciser ou de modifier les interprétations que l’on a pu faire. Une chose est certaine : Moulis est habitée depuis au moins 2000 ans.

Georges BAYONNETTE, Maire de Moulis de 1979 à 2008

Visite de l'église

L'extérieur

Le fronton : la porte à cintre ogival s’ouvre sous plusieurs arcs demi-circulaires en retrait. Elle est ornée de pentures médiévales du XIIème siècle comparables à celles de la porte de l’abbatiale de Blasimon.

A l’emplacement de la colonne proche de la porte se trouve un bénitier. Celui-ci est assez élevé, et compte tenu de la petite taille des gens de l’époque, on peut penser qu’il était utilisé par les seigneurs qui rentraient dans l’église à cheval. Ce bénitier semble avoir été rajouté.

Il semble que les bénitiers installés à l’extérieur soient rares en Gironde.

Des boudins st des doucines (moulure convexe en bas, concave en haut) forment les arcatures. L’arc supérieur est orné de dents de scie.

Ce portail est encadré par deux portes feintes surmontées d’un arc chargé d’étoiles.

Au dessus du porche, l’étage est orné de trois arcades ogivales reposant aux extrémités sur une colonne, l’arcade centrale reposant sur deux colonnes géminées (groupées par deux).

L’arceau central est percé d’une longue baie oblongue ornée d’un très beau vitrail relativement ancien.

Une ouverture, en haut, à droite éclaire une cage d’escalier, accessible de l’intérieur, à partir d’une porte située à 2-3 m du sol.

Le côté Ouest : le bas côté, sans grand intérêt est percé de trois fenêtres ogivales.

Sur le transept s’appuient trois contreforts.

  La tour a été rajoutée plus tard, certainement à l’époque de la guerre de Cent ans, pour servir de poste de défense ou de surveillance. Le sommet est crénelé avec en dessous de longues et étroites fenêtres géminées. Elle abrite aujourd’hui la cloche. L’absidiole nord est garnie de colonnettes. Une petite fenêtre éclaire l’intérieur.

L’abside est divisée en plusieurs pans par sept groupes de trois colonnes et deux contreforts qui se correspondent au Nord et au Sud.

Cinq fenêtres habillées de vitraux éclairent l’abside. Les chapiteaux des grandes colonnes sont ornementés de pommes de pins, d’oiseaux, de palmes, de personnages … Sur l’un d’eux est sculptée une Jérusalem céleste.

Des modillons (ornements saillants répétés de proche en proche, sous une corniche) placés par deux ou par trois, représentent des croix, des entrelacs, des losanges, des étoiles, des têtes de loup …

Le côté Est : l’absidiole Sud a disparu. Sur sa base a été construite une tour dans laquelle se trouve l’escalier d’accès au clocher. Sur le mur du transept, on peut voir les arceaux qui séparaient l’absidiole de celui-ci.

Au bas coté Sud a été accolée la sacristie, sans souci réel d’intégration, ni d’esthétique.

L'intérieur

L’extérieur dans son ensemble se retrouve dans bon nombre de nos églises romanes.

L’intérieur, par contre, est beaucoup plus original.

La nef est voutée en ogive. Autrefois, la charpente devait être apparente ou lambrissée.

 La nef est peu décorée : quelques feuilles de palmes tout au plus et un chapiteau archaïque représentant sans doute la danse de Salomé. Les fenêtres existantes ont été bouchées.

 A la croisée du transept, de forts piliers sont venus renforcer l’édifice lors de la construction de la tour. Ils rétrécissent un peu le chœur et masquent la vue.

Le chœur : de chaque coté, il y a trois arcades décorées, celle du centre est un peu plus élevée. Les chapiteaux sont également richement sculptés. On y retrouve des coquilles saint Jacques, des volutes, des losanges, de nombreux animaux, des grappes de raisin, un Tobie portant un poisson… L’arc central repose sur des doubles colonnes, les arcs extérieurs sur une colonne simple, comme sur le fronton. Au dessus, reposant sur un riche bandeau qui entoure complètement le chœur et le sanctuaire, une autre rangée d’arcatures analogues et correspondantes à celles du dessous (il faut cependant noter que les axes des arcatures ne sont pas les mêmes). L’arcade centrale possède une fenêtre, les archivoltes sont identiques des deux cotés.

 L’abside : de chaque côté, une colonne engagée dans un fort pilastre (membre vertical formé par une faible saillie d’un mur, en général muni d’une base et d’un chapiteau similaires à ceux de la colonne) sépare le chœur de l’abside proprement dite.

Ici, les arcatures supérieures reposent comme les précédentes sur des colonnes, une aux extrémités, puis deux géminées et deux séparées par un pilastre de chaque côté de la fenêtre centrale. Là encore, sculptures d’oiseaux, de palmes …

Les bases des colonnes reposent sur le bandeau ou est sculptée peut-être une chasse.

Le bandeau supérieur est sculpté de moulures imitant des draperies nouées.

Derrière l’autel, on voit une série d’arcatures, six entières et deux moitiés, qui s’entrelacent de manière à produire des arcs en tiers-point. Cette disposition est rare, et peut-être unique dans notre département, mais elle est commune en Normandie.

Noter que la partie masquée par l’autel n’est quasiment pas ornée. Pas de travail inutile !

La pierre tumulaire de la mère de Pey BERLAND :

Inscription partiellement effacée :

Hic jacet in providentia mater illistrissimi domini archiepiscopi Pey-Berland.

Restaurée par la munificience de S.E le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, 6 avril 1858 ;

 

La fresque :

Dans l’absidiole Nord, vous découvrirez une superbe fresque mise à jour très récemment, ou plutôt deux fresques superposées. La partie centrale, de la fin du XIIème, repr ésente le baptême de Jésus. La seconde, du XVème, un lion et un dromadaire devant des palmiers.

Par René Hourdry — Travail personnel

« * » indique les champs nécessaires

Hidden
Hidden